Avec ce billet, j’inaugure ma série « les expos de l’été ». On commence par Rennes où cette expo passe un peu en-dessous des radars à cause des grosses machines soutenues par le grand capital (ha ha !). Raison de plus pour (re)découvrir une artiste talentueuse et méconnue.

Marcelle Cahn… ce nom vous dit-il quelque chose ? Sans doute non, car c’est le destin de nombreuses femmes d’être invisibilisées. Pourtant avec sa bonne bouille rigolarde, sa clope à la main et visiblement peu soucieuse de mode, elle donne envie de se pencher sur son cas. D’autant plus que c’est une figure importante pour l’histoire du Musée des beaux-arts de Rennes. Présente dans ses collections à travers trois œuvres, elle y a déjà été mise en valeur dès 1961, lors de l’exposition historique du groupe Mesure, grâce à l’invitation de Francis Pellerin  https://www.francis-pellerin.fr/ et Marie Berhaut, alors prof à l’école des beaux-arts de Rennes et directrice du musée. Cette première et unique exposition du groupe Mesure en France a infléchi la politique d’acquisition du musée, au point de lui donner une identité forte dans le domaine de l’art abstrait géométrique. Une salle entière y est d’ailleurs toujours dédiée au groupe Mesure dans le parcours permanent du 1er étage.

La lecture de la fiche Wikipedia consacrée à Marcelle Cahn résume bien le parcours de cette femme native de Strasbourg https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcelle_Cahn qui participa dès l’entre-deux-guerres aux grands rassemblements de défense de l’art abstrait. Soutenue et appréciée des artistes et des critiques influents de son temps, elle ne bénéficia que de rares expos personnelles et vécut dans une certaine solitude, accrue par des périodes de mises en retrait du monde de l’art. Pour des raisons matérielles et de santé, les collages furent la pratique dominante de ses quinze dernières années. Ils traduisent l’appétence d’une créatrice animée par la liberté et la poésie du geste, ainsi que le jeu des infinies variations.

Fruit d’un partenariat, avec les musées d’art moderne et contemporain de Strasbourg et Saint-Étienne, l’expo « En quête d’espace » illustre la richesse de cette œuvre singulière, proche au début des courants expressionnistes et puristes, puis qui s’épanouit dans les années 1950 à travers une abstraction libre, rigoureuse et sensible. De l’infiniment petit à la quête d’un espace total, Marcelle Cahn a développé un langage abstrait épuré, dépourvu de tout dogmatisme, sans toutefois renoncer totalement à la figuration. Le parcours en six étapes rassemble une cinquantaine d’œuvres qui illustrent les grands moments de sa carrière avec ses supports de prédilection: peintures, arts graphiques, sculptures, collages.

Figure-t-elle au seul musée au monde entièrement consacré aux femmes artistes, à Washington ? Je l’ignore. Et là je ne peux le vérifier car il est fermé pour travaux de rénovation jusqu’à l’automne 2023. Mais au cas où vos pas vous mènent dans la capitale américaine, mettez cette visite passionnante au programme ! https://washington.org/fr/visit-dc/national-museum-women-in-the-arts

Jusqu’au 27 août, du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, au musée des Beaux-Arts de Rennes. 20, quai Émile Zola.


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