Vous connaissez le château de la Roche-Jagu ? Non ! Alors lisez vite sa fiche https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_la_Roche-Jaguet et passez y faire un tour cet été ! D’autant plus que s’y déroule jusqu’au 2 octobre une somptueuse exposition, une sorte de Cabinet de curiosités du XXIe siècle. ANIMA (EX) MUSICA part d’une initiative de Mathieu Desailly, graphiste de (grand) talent qui eut un jour cette idée folle de créer un bestiaire en recyclant des instruments de musique devenus obsolètes. Je suis fière d’avoir été la première à permettre la monstration de son travail à l’époque où j’étais directrice artistique de l’Atelier d’Estienne à Pont-Scorff (56).

Donc, la Roche-Jagu ouvre ses portes au bestiaire utopique du collectif d’artistes « Tout reste à faire » qui associe Mathieu Desailly (designer, graphiste), Vincent Gadras (scénographe, constructeur) et David Chalmin (compositeur, producteur). Le trio présente d’impressionnantes sculptures d’arthropodes animées et sonores, réalisées à partir d’instruments de musique hors d’usage auxquels les artistes offrent une seconde vie.

Leurs créations se déploient dans les salles du château où elles murmurent et chantent, générant un discret bruit de fond qui peut s’apparenter à la rumeur d’une forêt. À la croisée des sciences, de la musique et des arts plastiques, elles offrent un merveilleux dépaysement poétique.

En fonction de leur anatomie et des assemblages effectués, les 13 sculptures d’arthropodes donnent aux instruments une nouvelle vie musicale puisque chaque spécimen, inspiré d’un arthropode réel, est doté d’une partition musicale et s’anime de micro-mouvements ou d’ondulations reproduisant la discrétion des bêbêtes. Le chant de chaque créature est déclenché par l’intrusion des visiteurs dans son espace.

L’expo compte aussi trois installations sonores qui entrent en interaction avec ces créatures: « Cornet à vent », « Sphère de percussions » et « Forêt de cordes » utilisent des instruments de musique pour évoquer les éléments naturels (l’air, le bois, la terre).

D’autre part, l’expo présente deux thématiques développées grâce à des collections patrimoniales, l’organologie et l’entomologie, mêlant diversité culturelle et biodiversité naturelle.

–       Pour l’entomologie, des pièces (oserais-je dire d’anthologie ? Oui, quand je pense à ces merveilleux tableaux de collection d’insectes, comme ceux que mon grand-père a réalisé, étudiant à l’Agro de Rennes au début du XXe s … et qu’on a fini par bazarder, honte sur nous !) sont sorties des collections du Muséum national d’Histoire naturelle, de l’Institut Agro Rennes-Angers et de l’Université de Rennes 1.

–       Pour l’organologie, des instruments magnifiques, choisis pour leur originalité, leur histoire ou leur forme, ont quitté les réserves du Musée de la musique – Philharmonie de Paris. Quelques instruments de percussion insolites de la collection de l’artiste David Hopkins sont également exposés.

On peut voir encore des planches naturalistes et des partitions de musique dans une galerie de gravures mettant en exergue la manière de représenter la musique et de décrire les insectes avant l’apparition de la photographie.

Performances in situ

Des sessions d’ateliers-médiation permettent au public d’assister à l’élaboration d’une nouvelle créature, un work-in-progress investissant la salle-atelier. La possibilité d’être à côté de l’œuvre en train de se réaliser donne l’occasion d’échanger avec les artistes Vincent Gadras et Mathieu Desailly, sur les processus d’invention, de construction, mais aussi les inspirations plastiques ou scientifiques. Dans une société où l’obsolescence programmée est de mise, les artistes défendent une approche différente, celle du prolongement à travers le recyclage d’instruments fabriqués avec des matériaux nobles et ayant nécessité un savoir-faire hors-du- commun. Une démarche écologique et humaniste en quelque sorte… Réjouissante !

En savoir plus :

Sur Mathieu Desailly: https://www.lejardingraphique.com/

Sur David Hopkins https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Hopkins

Sur David Chalmin: https://davidchalmin.com/

Sur le musée de la Philharmonie : https://philharmoniedeparis.fr/fr/musee-de-la-musique

Anima (ex) Musica vu par…

Bertrand Chamayou (pianiste)

[…] Les imposantes sculptures d’Anima (ex) Musica offrent le spectacle d’une évidence poétique, tant l’hybridation, le métissage de ces deux territoires oniriques, que sont le monde microcosmique des arthropodes et le monde ineffable de la musique et des instruments, donnent naissance à un univers envoûtant, surnaturel et on ne peut plus naturel à la fois. […]

Sophie Rahal (Télérama)

[…] Car ces instruments, s’ils sont hors d’usage, reprennent ici leurs droits : ils sont à l’origine des créations, et retrouvent in fine, de manière allégorique, leur fonction initiale. Au final, on ne voit plus des insectes, mais bel et bien des objets d’art que magnifient le son, la lumière, le mouvement, les matériaux de composition. […]

Gilles Renault (Libération)

[…] Parmi les bonnes pioches, « le Bestiaire utopique Anima (ex) Musica », du collectif judicieusement dénommé Tout reste à faire, condense bien le sens de l’expression « mettre la main à l’œuvre ». […]

Noëlle Ly (Le Parisien)

[…] Des mélodies s’éveillent en harmonie chaque fois que vous approchez de l’un de ces bizarres insectes instruments… Et vous embarquez dans un voyage poétique sans équivalent. […]

Thierry Voisin (Télérama)

[…] Pour chaque créature, David Chalmin crée une composition originale dont l’orchestration renvoie aux instruments utilisés pour sa fabrication […] Anima (ex) Musica ajoute une nouvelle interaction entre insectes et humains, sans que cela cause des nuisances pathogènes, écologiques ou économiques. Une interaction ludique. […]

Marie-Aimée Ide (Pause)

[…] Dans Le Jour des Fourmis, un personnage demande à un scientifique comment lutter contre les insectes. La réponse est simple : il faut cesser de les sous-estimer. Notre trio d’artistes se place dans cette lignée avec l’intention de faire changer notre regard. Et ça marche… La poésie opère. Les visiteurs face à ces arthropodes surdimensionnés, faits de caisses claires, de clarinettes, de ventres d’harmonium, sont littéralement éblouis voire émus. D’autant plus quand ils ont fait don d’un instrument et qu’ils le reconnaissent métamorphosé en papillon ou en cigale de Bornéo. Anima (ex) Musica n’est pas une nécropole pour instruments trop vieux et délaissés. Le projet leur offre une nouvelle éclosion vers une autre vie, une renaissance. […]

www.toutresteafaire.com/

AGENDA

Balade-atelier

Jeudi 11 août | 14h30-16h30

« Balades nature : le rôle des insectes dans les écosystèmes » War-dro an Natur | association d’éducation à l’environnement

Cinéma en plein air

Samedi 13 août | 22h

« Les aventures de Pinocchio » Film de Luigi Comencini (1972)

Cinéma en plein air

Samedi 20 août | 22h

« Le Cid », film court-métrage d’animation d’Emmanuelle Gorgiard (2006) + « Monsieur Fabre », film d’Henri Diamand-Berger (1951)

Atelier mobile / Performance

Mardi 23 au samedi 27 août | 10h > 12h et 14h > 18h

Mathieu Desailly et Vincent Gadras, deux des concepteurs et réalisateurs d’Anima (ex) Musica, présentent au public la nature de leur projet et les étapes de fabrication in situ.

Balade-atelier

Jeudi 25 août | 20h30

« Découverte des insectes au crépuscule, le monde des papillons de nuit » War-dro an Natur | association d’éducation à l’environnement

Cinéma en plein air

Samedi 27 août | 22h

« Le Papillon », film de Philippe Muyl (2002)

Spectacle

Dimanche 4 septembre | 17h

« La sexualité et quelques mœurs d’insectes à l’heure de #metoo » Yannick Jaulin | auteur-acteur-conteur

Atelier

Samedi 4 et samedi 24 septembre | 14h-16h

« Initiation à l’apiculture » Dominique Segalen | apiculteur

Fin de l’exposition Anima (ex) Musica 2 octobre | 18h

INFOS PRATIQUES

Pour vous restaurer, le sympathique restaurant salon de thé Le Petit Jagu offre un prolongement gourmand depuis son agréable terrasse avec vue sur le château. Produits de saison, locaux et biologiques, cuisine « fait maison ». Contact : 06 35 31 64 06

Domaine départemental de la Roche-Jagu 22 260 PLOËZAL
Accueil, boutique et billetterie : 02 96 95 62 35

Expo du 7 mai au 2 octobre 2022
Tarifs. Plein tarif : 6€.
Tarif réduit : 4€.
Tarif famille (2 adultes – 2 enfants) : 14€
 Gratuité :

Propriété du département des Côtes d’Armor, le Domaine de la Roche-Jagu est situé dans le Trégor, sur le Trieux. Le château du XVème siècle, classé M.H. est au cœur de trente ha de jardins reconnus « jardin remarquable » et labellisés « éco-jardin ». Le parc est né de l’imagination de l’architecte-paysagiste Bertrand Paulet à la suite de l’ouragan de 1987 qui dévasta le parc. Accès libre https://www.facebook.com/larochejagu/posts/qui-de-mieux-que-bertrand-paulet-pour-nous-parler-des-jardins-de-la-roche-jagu-p/1139229322784801/


3 commentaires

darcel f · 22 juillet 2022 à 10 h 40 min

je connais bien le lieu, et pas encore l’expo, mais ça donne envie !

MARTIN Daniel · 22 juillet 2022 à 14 h 03 min

Ton commentaire et les photos donnent vraiment envie d’aller voir cette expo ,ce que nous ferons prochainement
Cela m’a incité à « refeuilleter » l’ ouvrage remarquable d’un ami Jean-Marc DROUIN,hélas disparu,professeur de philo et d’histoire des sciences au Muséum d’Histoire Naturelle et très mélomane ,ouvrage intitulé : » Philosophie de l’insecte » publié au Seuil en 2014
Bonnes vacances

Biet Marie Christine · 26 juillet 2022 à 11 h 49 min

Waouh, super info! J’imagine quee Mathieu Desailly la connait.

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