Une amie venue me prêter main forte pour le débroussaillage de printemps à ma maison de paysan toilier (fin XVIIe) perdue entre Collinée et Loudéac, en a profité pour faire du tourisme dans le coin… et est tombée sur des pépites méconnues – sauf par moi, auteure de guides, habituée à prendre les chemins de traverse ! Découvrez les tribulations de Roselyne, toujours narrées de façon savoureuse.

M’en rev’nant d’Saint-Gouéno...

Vous savez ce que faisait l’auteur de ces lignes par le beau dimanche passé, tandis que les Bretons sensés goûtaient les joies du premier bain de mer ?
Elle fauchait… Oui oui, avec une vraie faux, ce grand échalas à lame courbe et traîtresse, pas une débroussailleuse qui aurait fait le job en une heure… !
Faut-y être un peu pomme à l’eau, tout de même !
C’est que, voyez-vous, la parole donnée aux amis, c’est sacré ! En l’occurrence, une amie à qui j’avais imprudemment répondu « présente » pour une séance de débroussaillage autour de son manoir de poupée à Saint-Gouéno (à vendre, la petite maison, si la photo vous parle.)
Mais tu ne perds rien pour attendre, Marie-Christine, il y a du bois à couper à la maison ! 
Le travail achevé, la bouteille de rosé épuisée (et elle n’était pas la seule !), le soleil jetait déjà ses plus beaux éclats, ceux du soir, sur ce coin de verte et onduleuse campagne qu’on nomme le Mené.
Je n’étais pas fâchée de regagner mes pénates, mais va-t-en trouver une ligne droite, dans ce pays-là ! M’orientant au jugé (je ne sais toujours pas utiliser le gps de ma nouvelle Kangoo !), de virages en écarts, je rencontrai ici un moulin au fond d’une vallée, là un beau point de vue à côté d’une chapelle.
Et puis, presque aux portes de Loudéac, un monde comme fossilisé se révéla soudain dans la lumière dorée. C’était le hameau endormi du Vaublanc. L’endroit m’était inconnu, et pourtant me semblait familier : c’est qu’il présente quelques similitudes avec celui des Forges des Salles, à Perret, en forêt de Quénécan (ne me demandez pas d’appliquer les nouvelles dénominations géographiques issues des triturations administratives du XXIe siècle, j’y suis absolument réfractaire !) L’immense demeure des maîtres de forge, les deux chapelles, la retenue d’eau qui alimente encore une petite turbine, les maisons en lesquelles on peut deviner d’anciens commerces, et dominant le tout, l’ancienne cité ouvrière avec sa grande école, témoignent de l’intense activité sidérurgique qui régna en ce lieu. Vers 1850, 400 ouvriers vaquaient ici à leur dur labeur.

On imagine les va-et-vient des hommes et des bêtes, le bruit des machines, les chocs, les cris, la fumée du haut-fourneau aujourd’hui disparu… A d’autres moments, peut-être le silence tombé depuis près de cent ans sur ces vieilles pierres a-t-il quelque chose de triste et d’oppressant. Mais le soleil de ce beau dimanche, la conversation flûtée des merles bavards, le chuchotement des feuillages encore tendres, le rire cristallin d’une cascade ont enchanté ma découverte solitaire.

J’ai repris le volant. Et si je n’ai jamais pu dénicher le site de la Roche-au-Cerf, pourtant abondamment fléché (il faudrait que je trouve un guide dans ce coin-là !), un dernier détour m’a conduite à Querrien. Sur cette colline en la commune de La Prénessaye, la Vierge Marie serait apparue en 1652 à une petite gardienne de troupeau sourde-muette, qui en retrouva l’usage de l’ouïe et de la parole. Aussitôt, une chapelle baptisée Notre-Dame de Toute Aide fut dressée sur le lieu du miracle. Elle est toujours là, flanquée de son campanile aux airs italiens, elle voit défiler près de 100 000 pèlerins chaque année, et tout le hameau semble dédié à cette pieuse activité…

Quel bonheur d’avoir encore des choses à découvrir dans ce département des Côtes-d’Armor où je suis contribuable depuis plus de trente ans

En savoir plus :

https://www.lesforgesdessalles.fr/fr

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/forge-saint-eloi-le-vaublanc-plemet/dbf85a02-0e42-4898-b66a-77a8cefd7c11

https://sanctunotredametouteaide.catholique.fr/


2 commentaires

Mic · 26 mai 2022 à 10 h 56 min

Bravo Roselyne pour cette alléchante balade au hasard de nos routes de campagne

Philippe · 26 mai 2022 à 11 h 55 min

Depuis qu’on te lit, on s’imagine bien te suivre sur toutes ses balades et s’offrir un road-trip longue durée !

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