Ne cherchez pas cet André dans mon entourage ! Je ne l’ai pas connu (il est mort avant ma venue au monde) et je le regrette bien. Avec cette bonne tête, son allure facétieuse et son talent, c’est le genre d’homme que j’aurais aimé croiser. Je me contenterai donc de son œuvre … et quel régal ! Présentée actuellement au musée des beaux-arts de Rennes, elle partira cet automne au musée du Petit Palais à Paris https://www.petitpalais.paris.fr/

Le projet de consacrer une expo monographique au peintre et illustrateur André Devambez est né, en 2014, lors du dépôt au musée des Beaux-Arts de Rennes par le CNAP d’un des chefs-d’œuvre de l’artiste, L’exposition internationale de 1937, vue de la tour Eiffel. Un tableau spectaculaire (2,17m X 1,89 !) qui présente une vue en plongée depuis le 2ème étage de la Tour Eiffel.

Pourquoi connait-on si peu cet artiste ? Sans doute un peu trop académique. Mais pas tant que ça !

Il est né à Paris dans les dernières années du Second Empire, et a grandi dans l’atmosphère joyeuse et créative de l’atelier de son père imprimeur https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_Devambez Voulant embrasser une carrière artistique, André suit les cours de l’Académie Julian https://fr.wikipedia.org/wiki/Acad%C3%A9mie_Julian en 1884 puis s’engage dans des études aux Beaux-Arts de Paris. Il y acquiert le maîtrise de son art et obtient en 1890 le prestigieux prix de Rome qui lui ouvre les portes de la villa Médicis à Rome. Durant cette période il parcourt l’Italie, court les musées et travaille à ses «envois annuels» obligatoires. Il puisera dans la mémoire de l’atmosphère pittoresque des petites cités italiennes pour réaliser ses tableaux.

À son retour à Paris, André entama de front une carrière de peintre et d’illustrateur. Doué d’une imagination débordante et d’un grand sens de l’humour, il produit une quantité hallucinante d’images destinées à illustrer des livres, publicités ou journaux. En parallèle, il réalisa un grand nombre de peintures dans des genres très variés. Comme ses contemporains, Devambez s’émerveillait du développement des dirigeables, de la naissance de l’aviation, et de l’essor de l’automobile et du métropolitain, sans parler de la démocratisation de la pratique photographique ou du cinéma. L’intérêt qu’il portait aux aéroplanes était nourri par les premiers événements aéronautiques et la création du premier aérodrome – Port-Aviation, près de Juvisy https://fr.wikipedia.org/wiki/Port-Aviation. Symboles de la modernité, ils occupent une place importante dans les douze compositions, réunies sous le titre « La vie et les inventions modernes », qu’il réalisa en 1910 pour la nouvelle ambassade de France à Vienne.

Trop âgé pour être mobilisé en 1914 – il avait 47 ans -, Devambez vit d’abord à Paris les premiers mois du conflit. Son patriotisme le poussa ensuite à participer aux premières missions de peinture organisées sous l’égide du musée de l’Armée. Devambez découvrit alors la « dévastation complète » de Vermelles, les « ruines grandioses » d’Ypres, la sauvagerie des Poilus revenant des tranchées couverts de boue et les quartiers généraux des armées françaises, belges et anglaises. L’artiste fit vraiment l’expérience de la guerre lorsqu’il s’engagea volontairement dans la section de camouflage au 13e Régiment d’Infanterie et partit pour la Somme le 8 mars 1915. Le 3 juin 1915, alors qu’il intervenait sur une batterie près d’Amiens, une « marmite » éclata derrière lui. Grièvement blessé, criblé d’éclats d’obus aux jambes et près de l’œil gauche, il fut évacué dans un hôpital à Montdidier puis transféré à Amiens avant de subir d’août 1915 à avril 1916 des opérations et un traitement à l’électricité à l’Hôpital parisien de la Pitié. Malgré tout, il participa encore à une dernière mission artistique en 1917. La Grande guerre perdurera dans sa mémoire comme en témoigne La Pensée aux absents, triptyque monumental, exposé au Salon de 1924.

Dans l’entre-deux guerres, il se partage entre une production destinée au marché de l’art et des charges officielles comme ses cours aux Beaux-Arts de Paris et son statut d’académicien à l’Institut où il fut nommé en 1934. On sollicita souvent Devambez pour réaliser des portraits. Il en cite beaucoup dans son journal mais le peintre ne semble toutefois pas avoir fait de ce genre un élément majeur de sa carrière. Les portraits officiels demeurent rares mais il en fit un, unique, du maréchal Pétain commandé par l’État et présenté au Salon de 1932 – il refusera d’en faire un nouveau en 1940.

Intéressé par le monde de l’enfance, Devambez s’est inspiré de nombreux contes : ceux de Charles Perrault (Barbe Bleue, Le maître chat ou le Chat botté, Le Petit Poucet, etc.), des frères Grimm, les aventures de Gulliver… Peints à l’huile, à l’aquarelle ou à la gouache, il les met en scène en « Tout-Petits », dans des cadres urbains, intérieurs ou paysagers où l’on distingue des paysans à la Brueghel ou des soldats longilignes, à la façon de Jacques Callot. Une des œuvres, relative au Petit Poucet, figure le moment où l’ogre entre dans la chambre des enfants, avant qu’il n’égorge ses propres filles et que les sept garçonnets parviennent à s’enfuir. Quant aux Amoureux, ils ne font pas forcément référence à Blanche-Neige que l’artiste vit au cinéma les 9 et 22 juillet 1938. Dans ses tableaux, ce sont souvent ses deux enfants, Pierre et Valentine, qui servent de modèles pour des scènes d’intérieur chaleureuses. Parmi ses illustrations il faut signaler en particulier celles destinées aux publicités de la Phosphatine Fallières et l’ouvrage pionner pour enfant intitulé « Auguste a mauvais caractère ».

Observateur passionné de son temps, André Devambez fut un témoin privilégié des animations de Paris entre la Belle-Époque et les Années-Folles. Des divertissements populaires aux grands événements tels que l’Expo internationale de 1937 https://fr.wikipedia.org/wiki/Exposition_universelle_de_1937 en passant par la foule amassée sur le quai du métro, il transcrit sa vision de la ville et de la vie à travers des compositions spirituelles et souvent teintées d’humour.

A découvrir jusqu’au 7 mai 2022 à Rennes https://mba.rennes.fr/


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