Il fallait bien deux jours pour rendre hommage à cet architecte majeur de la fin du XXe siècle en Bretagne. Contemporain d’Yves Guillou, il a comme lui laissé un patrimoine d’une qualité remarquable. Un tour d’horizon en a été proposé à l’occasion des Journées Nationales de l’Architecture 2019 par la Maison de l’Architecture, l’Ordre des Architectes de Bretagne et le CAUE 56.

Le programme commençait par une visite des Archives départementales à Vannes. Deuxième étape : la mairie de Séné où j’ai eu le plaisir d’échanger avec l’ancien maire qui décida d’agrandir la mairie dans les années 90. Marcel Carteau m’a expliqué avoir été séduit par l’idée de Bernard Guillouet de conserver le bâtiment du XIX e siècle en construisant une extension qui l‘enserre et s’adapte (avec modestie) à la volumétrie. La nouvelle entrée se fait par l’arrière, cadrée par des éléments qui affirment le caractère contemporain du nouvel ensemble, ouvrant sur la place autrefois occupée par la poste. A deux pas de là, j’ai découvert une charmante librairie café, tenue par Chantal dans une ancienne maison de pêcheur au charme fou. Courez au Marée-page (7, place de la Mairie) !

L’après-midi se déroulait à la médiathèque d’Arradon, magnifique réalisation dont l’esthétique ne le dispute jamais à la fonctionnalité. Il a tout dessiné, y compris le mobilier, sobre et élégant. J’ai volontairement séché la conférence de Daniel Le Couédic, fâchée que je suis avec ce docteur en histoire de l’architecture qui m’a simplement « oubliée » dans l’ouvrage qu’il a écrit pour les 20 ans du Prix d’architecture Bretagne, désignant comme premier coordinateur celui que j’ai désigné pour me succéder (une histoire de mâles dominants ?). Après la visite de la médiathèque, une table ronde fort intéressante (animée par le sociologue Jean-Louis Violeau) rassemblait des propriétaires de maisons conçues par Guillouet dans le Morbihan … et à Vitré ! En effet, s’il a surtout œuvré autour du Golfe et un peu à Paris, Guillouet a aussi signé la maison de Pierre Méhaignerie qui avait repéré son talent en consultant des dossiers quand il était chef de cabinet de Jacques Duhamel, alors ministre de la Culture. Parmi les maitres d’ouvrage qui évoquaient leurs motivations de choix de concepteur (et qui s’en réjouissent), on a écouté un certain … André Asséo !

En fin d’après-midi, le public a célébré l’architecte qui a 90 ans cette année, autour d’un magnifique gâteau découpé par ses enfants dont son fils Christophe, architecte à Paris.

Dimanche, nous avons continué à parcourir d’autres facettes du talent de Bernard Guillouet (installé à Vannes de 1963 à 1996, puis à Arradon) en visitant trois de ses maisons. J’ai particulièrement aimé la première. Avec sa structure bois qui rythme la façade sur jardin et organise les volumes et les fonctions, elle me fait penser à certaines maisons de Franck Lloyd Wright.

Avec les visites de l’après-midi, menées par Heleen Statius-Muller du CAUE 56 et Christophe Guillouët, on a pu constater le même soin porté au logement social. Dans le quartier de Cliscoët à Vannes, les formes des bâtiments jouent avec justesse et esthétisme avec l’environnement. Les entrées et les paliers offrent de vastes volumes (que le bailleur n’exploite pas assez à mon avis), tout comme les appartements qui jouissent souvent de vraies terrasses à vivre. La tête des mômes jouant dans les espaces publics quand ils voient des adultes déambulant et photographiant leur cadre de vie – qu’ils jugent sans doute banal ! Cette ambiance joyeuse et insouciante est le signe d’un vivre-ensemble réussi dont l’architecte peut-être fier. Bravo monsieur !


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