On a tous en nous quelque chose du Stanley

Prononcez ce nom devant un « vieux » Rennais et vous verrez sans doute ses yeux briller et son regard vagabonder vers de joyeux souvenirs. La discothèque mythique vient de fermer, a-t-on appris cette semaine. L’occasion pour moi de penser à quelques jalons de ma jeunesse, à ces garçons sympathiques qui bossaient au Stanley. Que sont-ils devenus, Bob, Gilles, Francis (lui je sais, il est architecte) et d’autres dont j’ai oublié le nom ?

Je me souviens des retours hasardeux sur Rennes, d’une nuit Fréquence Ille, de la soirée anniversaire de Martine et Jean-Luc et surtout d’une virée de dingues à Saint-Lunaire avec Stanley (anecdote : quand il est mort, Michel Burel m’a appelée pour me demander de faire un article dans Ouest-France ! Comme si j’étais red chef…)

Je me souviens surtout des rocks endiablés et de slows langoureux (et oui, les djeun’s, à l’époque on faisait des pauses qui servaient éventuellement à emballer)

J’ai cherché désespérément une photo de cette époque… et j’en trouve fort peu – à part une avec Etienne Daho tout jeunot. Et je me dis, damned, en ce temps-là, on ne faisait pas de photo de soi quand on dansait et quand on chantait – le genre de truc qui m’horripile quand je vais à des concerts. Alors oui, j’ai pas honte de faire vieille croulante. Sur cet aspect, c’est sûr, « c’était mieux aaavant ».

Pour tous ceux qui voudraient apprendre un pan d’histoire festive locale, j’ajoute une interview que j’ai faite (pour Unidivers) avec Dominic Rousseau, co-directeur quand il préparait le 40ème anniversaire du Stanley,  dont il vient de mettre la clef sous le paillasson.

Stanley was a rolling stone. 

 

MCB : Stanley, c’est en référence à Kübrick ou à la ville de Tasmanie ?

Dominic Rousseau : Ni l’un ni l’autre ! C’est le prénom de Stanley Rouvray qui l’a créé et animé avec un brin de folie hors du commun. Il a eu l’idée de retaper une ferme du XVIIème siècle à Saint-Grégoire, à la sortie de Rennes. En pleine campagne, sans voisinage : pas de problème de nuisance ni de stationnement.  J’y ai passé de mémorables soirées !

MCB : Et vous vous êtes dit : « plus tard, je rachèterai la boite » ?

D. R. : Non, ça ne s’est pas passé comme ça. Pendant 25 ans, j’ai mené une carrière de comédien… Il y a 13 ans, mon chemin croise celui d’Alexandre Delannoy. Ce natif d’Étampes avait beaucoup bougé au gré des mutations de son père, dont une à Vitré. De là, il s’installe à Rennes comme commercial dans l’automobile puis le prêt-à-porter. Il était désireux de prendre une affaire, de préférence dans le monde de la nuit.  Quand une amie m’apprend que le Stanley était à vendre, j’en parle à Alexandre. Cela l’a branché. Et moi aussi !

MCB : Pourquoi ce lieu vous touche-t-il tant ?

D.R. : Il est mythique ! Sa grande histoire a commencé en 1976. Très vite, c’est devenu l’endroit où il fallait être vu. Étienne Daho y a été D-J. Obispo aussi ! Étienne y a fait ses premiers concerts, parfois dehors dans le jardin. Ses premiers clips ont été tournés là. Après trente ans de nuit, Sigrid et Bruno Delahaye (associés de Stanley) avaient envie de tourner la page.

MCB : Il y avait beaucoup de prétendants ?

D.R. : Énormément. Mais je les connaissais les vendeurs. Ils savaient que je garderais l’esprit du lieu. Le Stanley, c’est une marque de fabrique, une estampille. Il a toujours eu une bonne réputation, y compris au niveau des institutions.

MCB: Comment expliquez-vous ça ?

D.R. : D’abord, quand on y va, vu l’emplacement, ce n’est par hasard. C’est une sortie entre amis, en famille. Il y a une sélection à l’entrée. La musique n’est pas assourdissante, on peut se parler. La programmation est généraliste, l’ambiance conviviale. En hiver, il y a un bon feu de cheminée.

MCB : Et la play-list ?

D.R. : Le vendredi soir, c’est années 80. On danse sur les valeurs sûres : Dona Summer, les Temptations, Barry White, George Benson, Al Jarreau, Village people, Michael Jackson…

MCB : Pas de Français ?

D.R. : Si ! Claude François cartonne toujours (normal, vous savez qu’il a vendu autant de disques depuis sa mort que de son vivant ? Est-ce qu’on dansera sur David Guetta dans trente ans ? J’en doute). Imaginez quand on passe Le lac du Connemara de Michel Sardou ou un tube de Jean-Jacques Goldman, les clubbers chantent tous en chœur, c’est magique. Les autres jours, le DJ glisse plus de titres actuels.

MCB : Votre situation offre des avantages mais aussi des inconvénients. La maréchaussée rôde, non ?

D.R. C’est pour cela que nous avons mis en place un système de navette

MCB : Côté animation, ça semble éclectique, entre les inévitables Saint-Valentin et Saint-Patrick, vous glissez une « Soirée débile » (authentique !) Et pour les 40 ans ?

D.R. : Les festivités s’ouvrent avec Denner (le groupe de Gilles le Guen), Républik (le groupe de Frank Darcel) et Frakture. On va se retrouver entre vieilles canailles ! En juin, nous faisons venir Rosemary Philips, immense chanteuse de jazz américaine, originaire de la Barbade. Et en septembre, on envisage deux soirées à tout casser.

MCB : Pour le week-end du patrimoine ?

D.R. (rires) Oui, on peut dire que le Stanley appartient au patrimoine (de la night) local.

MCB

https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/pres-de-rennes-l-engrenage-fatal-pour-la-discotheque-le-stanley-7056865 

https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/rennes-ils-font-revivre-40-ans-de-rocknroll-au-stanley-4135536

 


1 commentaire

Pierre " Dj Pym's " Halong · 24 novembre 2020 à 7 h 21 min

Merci Marie-Christine pour ces quelques lignes

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