L’autre jour, en revenant chez moi à Rennes, j’aperçois dans ma rue un petit bonhomme trainant une valise à sa taille et un peu plus loin, un grand gaillard, noir aussi, avec sa valoche. Il me dit quelque chose, je ne comprends pas, alors je m’approche. Vous m’avez demandé un truc ? Lui : « non, je vous ai juste souhaité de bonnes fêtes ». Ça alors, ça m’a bien amusée, parce que la veille à Paris, je souhaitais à tous les gens que je croisais (pour peu que l’environnement s’y prêtât – évidemment, pas à la station Chatelet !) un bon Noël. Sous l’œil mi moqueur, mi réprobateur de mes enfants… J’ai eu droit à des réactions variées, bien sûr, mais globalement souriantes, voire émues. Ainsi, à la station Ledru-Rollin, deux femmes aux yeux bridés avec un foulard sur la tête. Visiblement elles ne comprennent pas, alors l’une d’elles me tend son téléphone et me prie d’y parler. Je vois que mon message est traduit en cyrillique alors je tente quelques mots de mon maigre vocabulaire russe. Elles, toute étonnées, continuent ,mais là, voyant que je suis larguée, on recommence avec le téléphone. J’apprends qu’elles viennent du Kazakhstan. Je leur dis que j’y suis allée. Alors là, ce fut l’éblouissement ! Un peu plus loin à la station de bus Charenton, un homme seul. Appelons le Mohamed. Il a les larmes aux yeux quand je lui présente mes vœux. Il me dit « vous êtes la première personne qui me le fait. Ma chère épouse est morte il y a 2 ½ mois ; elle ne s’est jamais remise de la mort de notre fils, il y a 5 ans ». Et de poursuivre : « je suis arrivé du Maroc en 1963 pour travailler dans les mines du Nord. Bien sûr, c’était dur, mais il y avait beaucoup de camaraderie. Cela me manque ». Eid milad majid, Mohamed!

Retour dans le métro, un homme et une femme âgée, magnifique, drapée de blanc, avec un châle brodé somptueux l’enveloppant. Je lui dis qu’elle est belle et lui souhaite un bon Noël. Visiblement, elle ne parlait pas français. Son compagnon traduit mon message. Alors là, elle me prend les mains, les baise et me fait plein de salamalecs. Je comprends qu’elle est en tenue de deuil et qu’elle rentre au Maroc.

Voilà mes petits contes de Noël. Voilà ce que j’aime ce jour-là : le fait de pouvoir parler à qui on veut. Que la paix soit avec vous tous !

PS: Les photos ont été trouvés sur internet, car je n’en ai pas pris ce jour là (trop brèves, les rencontres!) et je ne retrouve pas les miennes d’Asie Centrale! 

 


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