Aujourd’hui, c’est Harmonie qui nous écrit du Vals des Tilles, une commune de Haute-Marne où elle vit son confinement alors qu’elle devrait être au fin fond de la brousse gabonaise pour son travail hors du commun.

MCB

 

 

Bonjour, je m’appelle Harmonie Klein. Je vous écris de chez moi pour partager mon expérience « après les chimpanzés du Gabon, les vaches de la Haute Marne » … et faire appel à votre générosité !

En 2015, j’ai été bretonne, j’ai vécu au fond d’un jardin rennais pour suivre mes études d’éthologie à l’Université de Rennes 1. Depuis, je me suis spécialisé dans l’étude comportementale des chimpanzés d’Afrique centrale. Cette espèce de primates, présente seulement sur 1/3 du continent africain, est menacée de disparation dans les 20 ans à venir.

Ces trois dernières années, j’ai travaillé pour l’Institut Max Planck de Leipzig en Allemagne, faisans des aller-retours entre l’Institut et mon camp de recherche, situé au Parc National de Loango, au Gabon. Là-bas, je travaille 6 jours sur 7, environ 13h par jour, de 5h à 20h. Sur les traces de Jane Goodall https://janegoodall.fr/, de l’aube au crépuscule, j’arpente la forêt, suivant des chimpanzés sauvages pour noter tous leurs comportements et pour aider à leur conservation.

2020 devait être mon année ! En effet, j’ai monté un projet de thèse avec mes superviseurs pour étudier le comportement de chasse et de partage de nourriture chez les chimpanzés du Gabon. J’ai reçu une prestigieuse bourse de primatologie à la Leakey Foundation pour partir récolter mes données sur le terrain pendant un an. Mon avion devait décoller le 9 Avril. Mais voilà, ironie du sort, le trafic de viande de brousse, ce contre quoi je me bats en Afrique, a eu raison de mon projet. Quelques semaines avant mon départ pour l’aventure de ma vie, un Chinois à manger un pangolin, une espèce en voie de disparition. Et deux semaines avant mon vol, le monde se retrouvait en mode pause, face à la pandémie. Plus d’avion. Plus de visa. Plus de départ pour le Gabon. Confinement strict au fin fond de la Haute-Marne, dans un village où il y a plus de vaches que d’habitants.

C’est la vie. Je ne suis pas la plus à plaindre. Heureusement mon projet est seulement reporté. J’en profite pour me reposer, ce que je ne fais pas vraiment depuis 3 ans à courir dans les forêts gabonaises, à nager dans les marécages avec les crocodiles, à fuir un éléphant qui charge ou faire de la conservation dans 19 écoles Ougandaises. J’écris aussi des articles pour publier mes recherches.

En ce moment, je travaille sur un article présentant mes premiers résultats sur la chasse chez les chimpanzés. Saviez-vous qu’ils étaient omnivores et mangeaient toute sorte d’animaux ? Des petits singes, des potamochères (une sorte de sanglier africain), des céphalophes (équivalent à des petites antilopes), des oiseaux ou encore – une grande découverte – des tortues ! Et oui, après 60 ans de recherche, personne ne s’était jamais douté que les chimpanzés pouvaient manger des tortues. Au Gabon ils le font ! J’ai récemment publié un article en anglais sur ce sujet ; le confinement me permet de bosser sur la version française.

Au cœur de nombreux débats dans le monde de la recherche, les comportements de chasse me fascinent. Les chercheurs estiment que les chimpanzés répondent à des besoins égoïstes et ne partagent que sous la contrainte. Si ceux du Gabon présentent des stratégies exceptionnelles, il semblerait qu’ils fassent preuve de collaboration, d’anticipation, de planification et d’altruisme. C’est ce que je cherche à démontrer.

Un tel projet est long à réaliser (3 à 5 ans) et nécessite un financement de plus de 10 000€/an. Je profite de cette période pour appeler à la générosité des amoureux de la nature, de la science, de la conservation pour m’aider à financer ce projet, avec un crowdfunding en ligne.

(NB : Pour les Bretons, un article sur mon premier stage au zoo de la Bourbansais à Pleugueneuc (35) sortira bientôt en français. Le confinement m’aura permis d’enfin l’écrire !)

 

Quelques liens

Crowdfunding https://www.gofundme.com/f/etude-et-protection-des-chimpanzes-du-gabon?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=p_cf%20share-flow-1&fbclid=IwAR2H3kIV2n44NmYF-m9WqVqHa50-6iFTdkZVrS0CaupXSSlO_4b8rPJR5vE

-notre page Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCM7Fg0ctVaeVtoHqVqk4Ldw

 

 La communauté Rekambo vit dans la forêt du parc national de Loango au Gabon. Le village le plus proche du camp d’Ozouga est Iguela dans la province Oogoue-Maritime. Pour en savoir plus, merci Wikipedia !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ogoou%C3%A9-Maritime

 

 

 


0 commentaire

Laisser un commentaire

Avatar placeholder

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *