Lettre de Véronique Chapalain

Aujourd’hui, c’est Véronique Chapalain qui nous écrit de chez elle où elle revit ses (jolis) souvenirs d’enfance. Période où elle a « souffert de tout devoir partager » mais « aujourd’hui on la dit « très généreuse » ! 

Elle n’est pas encore passée à l’émission mais ça ne saurait tarder (« après ») ! Chargée d’enseignement à l’Université de Rennes 2 (communication), elle consacre beaucoup de temps à l’écriture. Son premier livre « Les Chroniques du Pacifica, les fils de Bòr » a été publié en octobre 2019. Le second tome est en cours d’écriture.

« Enfant, j’étais solitaire. Du moins je rêvais de solitude ce qui est approximativement la même chose. Nous vivions à trois familles sous le même toit ; trois générations se partageaient une grande demeure posée au milieu d’un jardin des quatre saisons, à quelques kilomètres de la mer. Nous étions tous sous le haut commandement d’un grand père gaulliste, ancien combattant de la Grande guerre, et d’une grand-mère qui avait élevé neuf enfants et vécu l’exode, perdant la plus jeune de ses filles au passage. La petite fut miraculeusement retrouvée, mais ma grand-mère en garda un souvenir cruel et cela a décuplé son amour maternel. Tous les étés les enfants émigrés à 150 km rejoignaient le toit familial. Cousins et cousines se retrouvaient alors pour deux mois passés entre plage, pique-nique et cabanes dans les arbres. Nous formions une famille joyeuse, étions aimés et choyés, mais moi, j’aspirais aux rares moments où je me retrouvais seule. Une enfance fantasmée pensez-vous ? Peut-être un peu, quoique les albums de famille viennent confirmer tous ces souvenirs. Cinquante ans plus tard je suis enfin seule entourée de mes livres, dans 74 m2 sans personne pour me fixer de règles. Et je regarde toutes ces photos en noir et blanc : Georges, Thierry, Dominique, Chantal, Edith, Elizabeth, Patricia, Bruno, Patrick, Marc, Benoit, Pascal, Sophie et moi…. Une joyeuse bande de gamins qui partageaient tout, jusqu’au maladies infantiles ! La petite fille que j’étais se faisait souvent violence pour accepter ce principe de base d’une vie en communauté. Jusqu’à pousser Edith dans les escaliers lorsqu’elle a voulu piquer ma Barbie ! Sans doute l’un des souvenirs les plus marquants du printemps 68 : les uns se battaient sur les barricades, d’autres défendaient âprement la porte de leur chambrette ! Aujourd’hui l’isolement nous met face à un fichu questionnement, en quoi est-ce si difficile de partager ? Je suis prête à donner mes Barbie ! »

Véronique, alias Blanche


1 commentaire

Apines · 26 mars 2020 à 5 h 43 min

Impatiente de lire la suite de cette belle introduction

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