Alors on danse?
L’été est bien là. Il coule en pente douce avec son lot de plaisirs qui l’accompagnent. De concerts en barbecues, de vernissages en festivals, il y de quoi s’occuper entre deux ploufs ! Il n’est pas surprenant que les commissaires d’expo s’intéressent au syndrome de la fête qui bat son plein en même temps que les moissons. A un an d’écart, deux villes chères à mon cœur abordent le sujet de manière fort différente et tout aussi réjouissante.

En 2021, à Bernay (Eure) on était Débridés ! Le musée des beaux-arts avait puisé dans ses collections des images de célébrations du 14 juillet, de fêtes religieuses et privées, de fêtes de village… Où l’on découvrait que les traditions de festivités s’inscrivent dans un héritage : à toutes les époques, l’homme s’est diverti ! Même sans avoir de matériel pyrotechnique, de réseaux sociaux ni d’électricité, les fêtes d’autrefois pouvaient être grandioses – ce que montrait un ensemble d’œuvres du XVIIe au début du XXe siècle.

J’en profite pour dire qu’au XXI e s. les Bernayens retrouvent pour de vrai le chemin de la fête avec l’ouverture du bar associatif Le Trait d’Union. Une aventure humaine et sociale à découvrir sur https://www.youtube.com/watch?v=zgTDkT2YFXU

https://www.facebook.com/events/908581783876721/?ref=newsfeed

N.B.: info surprenante : l’artiste Ernest Pignon-Ernest y est présenté cet été (jusqu’au 18 septembre) – y’a donc pas qu’à Landerneau !

https://www.bernaylaville.fr/un-ete-a-bernay/

https://tourisme.bernaynormandie.fr/

Et à Rennes, kess kiss passe ? Cet été, Exporama, le rendez-vous annuel de l’art contemporain, revient et propose aux publics un parcours urbain valorisant les multiples initiatives rennaises en matière d’art contemporain.

Cette édition 2022 est structurée autour d’une grande expo intitulée
Pas sommeil – étrange titre qui n’induit pas forcément la notion de fête !

Portée par le Musée des beaux-arts, les Champs Libres et le Frac Bretagne, et investissant le thème de la fête dans toutes ses composantes (rassemblement populaire, danse, magie de la fête, revendication identitaire, militante, etc.), cette expo « constitue un socle de développement et de visibilité pour une pluralité de propositions culturelles ouvertes à toutes et tous et associant l’ensemble des acteurs locaux de l’art contemporain’ – bon là, je vous sers un extrait du dossier de presse ! Un ton assez abscons qui donne beaucoup de sérieux à l’esprit porté par le désir de se retrouver après deux années de restrictions sanitaires. L’été 2022 serait ainsi « le (grand) soir au cours duquel seront de nouveau possibles les transgressions porteuses de la convergence collective, de la rencontre créatrice de sens et de formes ». L’exposition se veut ainsi « ouverte, festive, poétique, généreuse mais aussi contemplative, revêche et militante. Elle entend évoquer la fête dans son acception élargie – du rassemblement populaire impromptu au dance floor, de la kermesse de village au concert de rock, de la rave techno à la culture queer… – en réunissant des pratiques artistiques de tous horizons ». Allez, une petite dernière.  « La fête est envisagée comme le lieu de la réjouissance autant que celui de la résistance, de la revendication sociale, identitaire et culturelle comme de la catharsis, celui du spectaculaire comme de l’intime ».

En investissant l’univers de la fête, les œuvres présentées invitent le public à vivre une expérience singulière, interpellant leurs cinq sens, incitant à l’interaction avec les dispositifs proposés et à la mise en mouvement de leur corps. Les esthétiques, les ambiances, les signaux, les équipements extraits du monde festif sont transposés et mis au service des œuvres d’art, avec une bonne dose d’humour.

Une trentaine d’artistes sont exposés – vous trouverez leurs noms et leurs œuvres à la fin de cet article. Entrez dans l’univers d’un concert de Madonna capté par le photographe Andreas Gursky. Glissez-vous dans la fan zone d’« En avant Guingamp » avec Mark Neville. Partagez la magie d’un crépuscule sur la plage de Copacabana scrutée par Dominique Gonzalez- Foerster. Découvrez les nouveaux possibles des free parties de Julie Hascoët qu’elle voit comme des « zones d’autonomie temporaire ».

Mais surtout, surtout, ne loupez pas :

–       L’extraordinaire procession musicale de William Kentridge, immense fresque animée où les « damnés de la terre », dépassant l’oppression, l’esclavage, l’apartheid, défilent en captivante procession, aussi funèbre que joyeuse. Aux Champs Libres.

–       Le réjouissant et incitant Dance floor de Piotr Uklański.

–       Enfilez les chaussures laissées à disposition pour entrer dans le Mambo à Marienbad, avec Marina Abramović

–       Revisitez votre acception de la musique classique en regardant la manière de Philippe Béziat (réalisateur), Clément Cogitore (metteur en scène), Bintou Dembélé (chorégraphe), de traiter les Indes Galantes.

 Outre cette exposition phare, Exporama 2022 propose une offre complémentaire (expos, performances, réalisations in situ, etc.) associant 27 acteurs locaux de l’art dont les centres d’art contemporain La Criée et 40mcube, ainsi que Art2Rennes, Asarue, les Ateliers du vent, Capsule Galerie, Galerie Oniris, Lendroit éditions, L’œil d’Oodaaq, Teenage Kicks,

Accès gratuit pour les moins de 26 ans et les bénéficiaires Sortir ! Tarif plein pour accéder aux trois sites : 9 €, tarif réduit : 4 €.

Dernière suggestion, et pas besoin d’avoir un doctorat en art contemporain pour apprécier la magnifique projection monumentale « Jours de fête », concoctée par Spectaculaire sur la façade du Parlement de Bretagne. Tous les soirs à 22h30 jusqu’au 27 août. C’est gratuit et ça vous donne vraiment envie de faire la fête ! https://www.youtube.com/watch?v=mkBZCjyPR8k

MCB

Liste des artistes et des oeuvres

Marina Abramović

Née en 1946 à Belgrade (ex-Yougoslavie, actuelle Serbie), elle vit et travaille à New York (États-Unis).

Mambo at Marienbad, 2001 Installation vidéo : 1 vidéo couleur et son, 25’, 8 carrés métalliques, 4 paires de chaussures aimantées
Collection FDAC de l’Essonne –

Boris Achour

Né en 1966 à Marseille (France), il vit et travaille à Paris (France).

Conatus : la Nuit du Danseur, 2009 Vidéo couleur sonore
Collection du Frac des Pays de la Loire / acquisition en 2011

Diane Arbus

Née en 1923 à New York, et décédée dans cette ville en 1971.

Girl in a Shiny Dress, 1967 Épreuve gélatino-argentique 36,5 x 36 cm

Burlesque Comedienne in her Dressing Room, Atlantic City, N.J., 1963

Épreuve gélatino-argentique 37,2 x 37 cm

A Woman in a Bird Mask, New York City, 1967

Épreuve gélatino-argentique 36,4 x 37,3 cm

Lady at a Masked Ball with two Roses on her Dress, New York City, 1967

Épreuve gélatino-argentique 37 x 37 cm

Four People at a Gallery Opening, New York City, 1968

Épreuve gélatino-argentique 33,7 x 34 cm

Topless Dancer in her Dressing Room, San Francisco, 1968

Épreuve gélatino-argentique 37,2 x 37,3 cm

Two Men Dancing at a Drag Ball, New York City, 1970

Épreuve gélatino-argentique 37 x 37,1 cm

The King and Queen of a Senior Citizens Dance, New York City, 1970

Épreuve gélatino-argentique 38,2 x 38,4 cm

Transvestite at a Drag Ball, New York City, 1970

Épreuve gélatino-argentique 36,5 x 36,7 cm

Untitled (4), 1970
Épreuve gélatino-argentique 37,4 x 38,5 cm

Masked Man at a Ball, New York City, 1967

Épreuve gélatino-argentique 37,8 x 38,7 cm
Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle

Davide Balula

Né en 1978 à Vila dum Santo (Portugal), il vit et travaille entre Paris
et New York.

Un Air de fête, 2004
Installation : platine vinyle modifiée,
1 disque vinyle 45T, ballon rouge, fil en nylon
Collection Frac Champagne-Ardenne

Philippe Béziat (réalisateur), Clément Cogitore (metteur en scène), Bintou Dembélé (chorégraphe). Nés respectivement en 1963, à Boulogne-Billancourt, en 1983 à Colmar et en 1975 à Brétigny-sur-Orge, ils vivent et travaillent en Île-de-France.

Marc Camille Chaimowicz. Né en 1947 à Paris, il vit et travaille à Londres (Royaume-Uni).

Celebration? Realife Revisited, 1972-2000

Installation composée de 142 objets, matériaux mixtes, son, lumière
Collection Frac Bourgogne

Zuzanna Czebatul. Née en 1986 à Miedzyrzecz (Pologne), elle vit et travaille à Berlin.

Tristan, Kewin, Joss, 2015 Polyester, mousse expansive, métal 130 x 110 x 100 cm. Courtesy de l’artiste

Edith Dekyndt. Née en 1960 à Ypres (Belgique), elle vit et travaille entre Bruxelles et Berlin.

Easy Come, Easy Go, 2020 Projection lumineuse, sonore Dimensions variables Courtesy de l’artiste

Rineke Dijkstra. Née en 1959 à Sittard (Pays-Bas), elle vit et travaille à Amsterdam.

The Buzzclub, Liverpool, UK / Mysteryworld, Zaandam, NL, 1996-1997

Installation vidéo : projection murale synchronisée. Collection Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne, château de Rochechouart

Sylvie Fleury. Née en 1961 à Genève (Suisse), elle vit et travaille dans cette ville.

Be amazing!, 2015-2022. Texte en double contour néon Courtesy galerie Thaddeus Ropac

Ceal Floyer. Née en 1968 à Karachi (Pakistan), elle vit et travaille à Berlin.

Untitled (Twin Decks), 1999 Installation : 2 platines vinyle, 1 ampli et 1 table de mixage, enceintes Collection Frac Champagne-Ardenne

John Giorno. Né en 1936 à New York, décédé en 2019.

WE GAVE A PARTY FOR THE GODS AND THE GODS ALL CAME, 2017

PREFER CRYING IN A LIMO TO LAUGHING ON A BUS, 2017

THE WORLD JUST MAKES ME LAUGH, 2017

3 œuvres 100 % encre pigmentée100 % Epson sur papier d’archives Hahnemühle Ultra-Smooth Photo Rag 305GSM. Coll. Frac Bretagne

Nan Goldin. Née en 1953 à Washington (États-Unis), elle vit et travaille entre Londres et Paris.

At the bar: Toon, C., and So, Bangkok, 1992. Bea as Rita Hayworth, 1973. Winnie and Collette with fans, 1973. Bea in the feather boa, 1972. Bea, Ivy and Susan in the corner, 1972. Lola modeling’s as Marilyn, 1972. Ivy in her favorite drag, 1972
Coll. Musée des Arts Contemporains au Grand-Hornu, propriété de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Dominique Gonzalez-Foerster. Née en 1965 à Strasbourg, elle vit et travaille entre Rio de Janeiro et Paris.

Plages, 2001. Installation vidéo, couleur, son stéréo. Coll. Frac Franche-Comté

Andreas Gursky. Né en 1955 à Leipzig (Allemagne), il vit et travaille à Düsseldorf

Madonna I, 2001. Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne – CCI

May Day IV, 2000 Photographie Courtesy galerie Sprüth Magers

Keith Haring. Né en 1958 à Reading (États-Unis). Mort en 1990 à New York.

Sans titre, 1985. Sérigraphie en couleur. Coll. Artothèque – maison du livre, de l’image et du son, Villeurbanne

Julie Hascoët. Née en 1989 à Douarnenez (France), elle vit et travaille à Brest.

Murs de l’Atlantique, 2013-2022 Série de 76 photographies.

William Kentridge. Né en 1955, à Johannesburg (Afrique du Sud), il vit et travaille dans cette ville.

More sweetly play the dance, 2015 Installation vidéo
Avec l’aimable autorisation de la Galerie Marian Goodman Paris

Roman Khimei & Yarema Malashchuk Nés respectivement en 1993 et 1992 à Kolomyia (Ukraine), ils vivent et travaillent à Kiev (Ukraine).

Dedicated to the Youth of the World II, 2019. Installation vidéo, couleur, son 8’49’’. Coll. Frac Bretagne

Bernhard Martin. Né en 1966 à Hanovre (Allemagne), il vit et travaille à Berlin.

Single disco, 1999. Installation : bois, plastique, chaine Hifi, CD audio, 2 enceintes, stroboscope, ampoule, boule à facettes. Coll. Frac Bourgogne

Tania Mouraud  Née en 1942 à Paris, elle vit et travaille dans cette ville.

Made in Palace, 1980. Série de 4 photographies en noir et blanc
Coll. Frac Poitou-Charentes

Jean-François Monier

31 décembre 2020. Lieuron. AFP

Mark Neville. Né en 1966 à Londres, il vit et travaille à Kiev.  

Parade, 2019. Série de 6 photographies Coll. Musée de Bretagne – Rennes

Vincent Olinet. Né en 1981 à Lyon (France), il vit et travaille à Paris.

Ma fête foraine, 2004. Installation : structure métallique agrémentée d’une guirlande de fanions colorés, piquets de tente, fanions, guirlandes lumineuses. Coll. MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne

Christodoulos Panayiotou. Né en 1978 à Limassol (Chypre), il vit et travaille entre Limassol et Paris.

Wonderland, 2008. Installation photographique de 80 diapositives dans carrousel de projection. Coll. Frac Grand Large – Hauts-de- France

If Tomorrow never comes, 2007 Installation photographique de 27 diapositives. Coll. Frac Champagne-Ardenne

Cécile Paris. Née en 1970 à Nancy (France), vit et travaille en région parisienne.

Tournedisque – boulafacettes, 2010 Tournedisque, demi-boule à facette sur disque Atelier de l’artiste

Tony Regazzoni. Né en 1982, il vit et travaille à Aubervilliers (France).

Sans titre, 2022 Installation : fumée, laser

Delphine Reist. Née en 1970 à Sion (Suisse), elle vit et travaille à Genève.

Motif, 2022. Installation : bouteilles de vin brisées

Georgina Starr. Née en 1968 à Leeds (Royaume-Uni), elle vit et travaille à Londres.

The Dancer, 2015. Figurine de papier, fil, miroir, bois, lumière Collection Frac Franche-Comté

Piotr Uklański. Né en 1968 à Varsovie, il vit et travaille entre Varsovie et New York.

Untitled (Dancing Nazis), 2008. 200 impressions à jet d’encre sur papier, panneaux de plexiglas, ampoules colorées, structure de plancher surélevé, équipement audio et système de sonorisation commandé par ordinateur. Pinault Collection

Agnès Varda. Née en 1928 à Ixelles (Belgique), décédée en 2019 à Paris.

Cuba, 1963 Épreuve gélatino-argentique.
Centre Pompidou, Cci. Musée national d’art moderne

Bárbara Wagner & Benjamin de Burca Nés respectivement en 1980 à Brasilia et 1975 à Munich, ils vivent et travaillent à Recife

Swinguerra, 2019. Installation vidéo, son 23’
Courtesy des artistes et de la Galerie Fortes d’Aloia & Gabriel, Sao Paulo

Gillian Wearing. Née en 1963 à Birmingham (Royaume- Uni), elle vit et travaille à Londres.

Dancing in Peckham, 1994. Vidéo couleur sonore
Coll. IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes


7 commentaires

Catherine BERRANGER · 3 août 2022 à 21 h 26 min

Alors, moi, soyons clairs, je suis à la limite de l’allergique avec tout ce qui a trait au festif !!!!! Oui, c’est ma facette méthodiste… En revanche, j’aime bien les arts plastiques, donc j’ai bien noté le parcours Exporama (bon, j’irai peut-être pas partout, parce que bon, ça fait beaucoup !!!).
Je suis d’accord avec MCB pour dire qu’il ne faut surtout pas rater la prodigieuse fresque musicale dans la salle Anita-Conti aux Champs libres ! Le musée des Beaux-Arts m’a laissée totalement indifférente, mais comme je ne veux pas mourir idiote, je vais aller à une visite commentée (tous les jours à 15h). Parce que le jargon prétentieux et creux de la brochure ne m’avance pas à grand-chose !

    Rennette · 4 août 2022 à 12 h 45 min

    Merci pour ces renseignements précieux… cela aide à décoder « le jargon insupportable » comme dit si bien Marie-Christine

Biet Marie Christine · 4 août 2022 à 12 h 13 min

Merci Catherine. On est bien d’accord sur ce jargon insupportable.

Rennette · 4 août 2022 à 12 h 42 min

Quel boulot tu fais pour nous Marie-Christine…
Je t’en remercie et vais relire attentivement cette mine d’activités et d’actions
Belles et bonnes vacances à toi
Nadia

malinowsky · 4 août 2022 à 14 h 52 min

Avions enchaîné les trois sites des expositions Pas sommeil lors d’une visite de 3 jours à fin juillet de quinze Amis du Frac Centre-Val de Loire plus deux rennais…et fort agréablement animée par MCB.
Comme deux fois cité plus haut, ne vraiment pas raté la « Procession musicale » de la Salle Anita-Conti des Champs Libres et la kyrielle d’artistes plasticiens au delà du Dance Floor du Musée des Beaux-Arts.

Les expos de l’été en Bretagne (8) Champs Libres à William Kentridge – Marie-Christine BIET · 25 août 2022 à 12 h 24 min

[…] publication de mon billet du 2 août https://www.mariechristinebiet.com/2022/08/02/22-les-expos-la-suite-la-fete/ a donné une furieuse envie à Laurence-Arzel-Nadal d’aller voir l’œuvre de William Kentridge […]

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