Cette année, les Journées du patrimoine  mettent l’accent sur le patrimoine scolaire et universitaire mais comme j’en ai déjà parlé dans mon blog (https://www.mariechristinebiet.com/2020/09/02/lheure-de-la-rentre-ee/) et que par ailleurs le covid crée beaucoup d’annulations (comme hélas l’extraordinaire bibliothèque de l’agro-campus) je vous emmène à l’église. Là, pas de fermetures annoncées, de la fraîcheur et l’occasion de s’émerveiller, voire de se recueillir. Savez-vous qu’en Bretagne, il y a près de 800 édifices religieux (églises, chapelles, abbayes…) inscrits ou classés au titre des Monuments historiques ? La cathédrale de Dol, celles de Saint-Malo, les églises Saint-Sulpice et Saint-Léonard de Fougères, la basilique Saint-Sauveur et Notre-Dame en Saint-Melaine à Rennes, l’église de Saint-Suliac, l’église anglicane Saint Bartholomew à Dinard (so nice !) et … Saint-Méen à Cancale figurent au top 10 de Tripadvisor. Oui, c’est n’importe quoi, ils feraient mieux de mentionner l’abbatiale de Saint-Méen-le-Grand !

Non loin de là, l’église Saint-Eloi à Iffendic conserve l’une des plus belles et monumentales verrières du XVIe siècle du département. Je l’apprends dans le très beau livre consacré à la restauration d’églises d’Ille-et-Vilaine, co-écrit par Pascale Tumoine, Denis Chambet et le père Blot (éditions des archives et du patrimoine 35)

Quoi de plus pertinent que d’organiser sa sortie dans la remarquable église de Champeaux ? (voir en annexe l’article que j’avais rédigé sur ce sujet pour Nous Vous Ille). Elle aurait pu aussi se dérouler dans « mon » église, Saint-Patern à Louvigné-de-Bais – voire dans l’église de mon fils, il appelait ainsi Saint-Aubin à Rennes, car nous habitions en face ! Ce beau livre aborde ce riche patrimoine depuis les ruines de Saint-Sulpice, ou la charmante église Saint-Pierre et Saint-Paul de Langon jusqu’aux merveilles édifiées par Meslet au XIX e siècle, Couasnon ou Perrin au XXe siècle et aussi l’Anastasis, conçu par le grand architecte portugais Alvaro Siza à Saint-Jacques-de-la-Lande – et non pas à Chartres comme il est dit page 57 !

« Le tour d’une église est un voyage de 1000 ans » affirme joliment le père Roger Blot. Alors suivons son conseil et partons en voyage dans le temps et la beauté au cours de ces journées du patrimoine !

                                                 

                                              Annexes

Collégiale de Champeaux

 Étonnante, l’allure de ce village ! Par les bois et par les champs, peut-être en longeant le plan d’eau de la Cantache, voire en croisant un menhir, on arrive dans un écrin de pierre dont le joyau est une église. Elle vient de faire l’objet d’une restauration exceptionnelle qu’on découvre avec bonheur.

Comment une si petite commune (490 habitants) peut-elle s’offrir (et entretenir) un tel patrimoine ? La réponse tient d’abord de l’histoire et ensuite de la sagacité d’un élu. Henry Masson,  conservateur régional des monuments historiques tient à saluer « le rôle de Martial Gabillard qui a mis en place – en tant que conseiller général – un système de protection du patrimoine religieux des petites cités du département, pour des monuments remarquables, pas forcément classés».

Champeaux faisait partie des priorités. Son histoire est étroitement liée à celle de la famille d’Épinay dont un lointain ancêtre s’illustra aux côtés de Guillaume Le Conquérant. Cette famille qui occupait des charges importantes à la cour du duc de Bretagne obtint du pape l’autorisation de fonder un chapitre de chanoines et par conséquent d’élever une église collégiale. Le cloitre a donné sa configuration particulière à la place de la mairie. L’église, dédiée désormais à Sainte-Madeleine, a conservé des stalles, des vitraux et des tombeaux du XVI e s, qui en font un ensemble Renaissance exceptionnel.

À la suite des consolidations structurelles, l’architecte Olivier Weets mène depuis 2013 la restauration des sols, des enduits muraux, de la salle capitulaire et des voûtes. « Avec une attention particulière aux stalles  et au tombeau du chœur, au cénotaphe de la chapelle Sainte-Barbe et à l’exceptionnel corpus de vitraux (restaurés par l’entreprise Helmbold) » souligne Cécile Oulhen qui a suivi le chantier pour la DRAC. La jeune conservatrice se souvient des murs de la nef en faux appareil, avec des fissures importantes. « La chaux les assainit et donne une luminosité intéressante, renforcée au moindre rayon de soleil ». Les verrières ont été classées en 1907 –  l’église a attendu 1913. La maitresse vitre de 1540, restaurée en 1885, évoque la Crucifixion et la mort de Sainte-Marie-Madeleine, entourée des deux donateurs en position de prière.  Au nord du chœur, les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe rappellent qu’il ne faisait pas bon être chrétienne aux temps barbares : la pauvre a été enfermée dans une tour où son père mit le feu. En fuite, dénoncée par un berger, elle fut torturée, eut les seins arrachés puis la tête coupée ! Certainement moins tragique, mais fort brève, la vie de Claude d’Épinay s’acheva à 20 ans. Son frère Charles, évêque de Dol, lui fit ériger un tombeau aux lignes  influencées de toute évidence par Philibert Delorme. Il est adossé au spectaculaire tombeau de leurs parents Guy III et Louise de Goulaine, représentés dormant, « nus en transi », c’est-à-dire corps décharnés comme après un long jeûne. On ne peut que regretter qu’ils ne soient plus côte à côte, le gisant de la femme ayant été déposé dans l’arcade supérieure afin de cacher ce sein qu’un hypocrite prélat du XX e s. ne voulait voir ! Précisons qu’à l’origine, des statues du couple en prière occupait la dite arcade. Elles ont disparu pendant la Révolution. Cécile Oulhen indique que la commande de cette pièce majeure, datée de 1552, stipulait bien que les deux colonnes latérales devaient être l’une en marbre blanc, l’autre en marbre noir.

Le maitre-autel témoigne de la volonté des chanoines de faire « moderne » au XVIII e siècle.  Exécuté par des menuisiers rennais, il est dominé par une statue de femme fort conquérante avec une grande croix à la main gauche et un curieux objet dans la droite. Un chronomètre ? Non, un ostensoir (objet liturgique qui présente l’hostie). Les deux anges à ses pieds sont en adoration – on les comprend ! Si l’envie vous prend d’en faire autant, asseyez-vous dans les somptueuses stalles. Vous pouvez amener des copains : il y en a cinquante-quatre !

D’autres idées pour ces Journées du Patrimoine sur https://www.kubweb.media/page/journees-europeennes-du-patrimoine-2020-idees-visites/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=NLjourneesdupatrimoine

 

PS : dans mon diaporama, il y a une intruse. Laquelle ?

 


0 commentaire

Laisser un commentaire

Avatar placeholder

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *