Saint-Brieuc… Vous avez vu la tête de vos amis quand vous leur dites que vous allez passez le week-end à Saint-Brieuc ? Bon, il faut avouer que le centre-ville est sinistré (au moins deux boutiques sur trois affichent le panneau « A vendre » « A louer ») et que par ailleurs, certains anecdotes tendraient à vous dégouter (d’ailleurs, j’en donne trois à la fin de mon billet, histoire de pas vous faire fuir tout de suite) mais, comme toujours dans les villes en souffrance, on trouve des initiatives et des gens formidables. En voilà déjà dix pour vous faire quitter la quatre-voies.

1 – Rêver au port du Légué
Rive droite : Saint-Brieuc. Rive gauche : Plérin. Et au milieu coule la (petite) rivière qui a fait naître la ville. Au XVIIe s. de nombreux navires partirent pour Terre-Neuve de ce havre canalisé au XVIIIe s. Dominé par l’énorme

viaduc (qui porte l’autoroute), le Gouet n’est plus boudé par les citadins et les promeneurs, ravis de profiter des agréables terrasses de cafés et restaurants au bord des quais fort bien aménagés.

2– Congés payés aux cabanes du Valais
Quand les bains de mer devinrent tendance au XIX e s, la gentry briochine venait faire trempette sur la plage de Cesson. Puis elle préféra les villégiatures de Saint-Quay ou Pléneuf, laissant le site à une catégorie plus populaire en 1936. La compagnie des chemins de fer donna des wagons désaffectés à son personnel et d’autres constructions ont suivi, générant une joyeuse vie sociale. Menacées de destruction au début des années 2000, les cabanes sont ardemment défendues par une association emmenée par Gaspard Verdure. Un charme fou, malgré les algues folles !

3 – Naviguer sur le Grand Léjon
Réplique d’un lougre du port du Légué qui navigua entre le XIX et le XX e siècle, ce vieux gréement fut fort admiré aux premières fêtes maritimes de Brest en 1992. Naviguer à bord du BIP (label Bateau d’intérêt patrimonial) est réservé aux membres de l’association et à ceux qui l’entretiennent. Rien ne vous empêche de les rejoindre … ou de l’utiliser pour un tournage – il est habitué !

4 – Apprendre à l’Hôtel du Chapeau-Rouge
Parmi les six édifices classés monuments historiques de Saint-Brieuc, l’hôtel du Chapeau-Rouge (appelé aussi des Ducs de Bretagne) présente un décor remarquable, d’époque Renaissance. Médaillons à têtes de lion, pilastres à feuilles d’acanthes et léopards grimaçants rythment la façade inscrite entre deux puissants murs de granit. Avant d’accueillir l’expo patrimoine de Kevin Magi (*), la demeure a hébergé d’illustres personnages – Jacques II Stuart, l’empereur Joseph II ou le futur tsar Paul I.
Place Louis Guilloux.

(*) Passionné de patrimoine – sous toutes ses formes et de toutes les époques, Kevin proposait déjà, ado, des balades dans le cimetière Saint-Michel. Avec l’œil aguerri de ce greeter, on remarque des détails de la cathédrale, du théâtre, de graffs, du fronton de la Poste ou du Parc des Promenades. Kevin s’est lancé dans l’inventaire des vieilles maisons à colombages de la ville pour en faire une expo dans la maison du Chapeau-Rouge, avec la complicité du Comité de quartier du centre.

5 – S’ébahir à la chapelle Saint-Yves
L’ensemble le plus surprenant du patrimoine religieux est le grand séminaire, conçu dans les années 30 par Georges-Robert Lefort et décoré par les talentueux membres des Seiz Breur. La chapelle impressionne par ses lignes puissantes, ses mosaïques Odorico, ses grilles en fer forgé, son mobilier et ses fresques où l’art déco se mêle aux motifs celtiques. Xavier de Langlais a réalisé le décor de la crypte et aussi l’immense œuvre représentant l’arrivée de Brieuc au Légué, installée dans le cloitre.

6 – Converser avec Louis Guilloux
Attaché à « Saint-Brieuc-les-choux » mais attiré par l’effervescence littéraire de Paris, le grand écrivain passa beaucoup de temps dans le train. Son don d’observation restitue avec brio la vie de l’époque et lui rapportèrent de nombreux prix. Deux associations travaillent à la promotion, l’une de la maison, l’autre de l’œuvre. Dans son bureau, intact, on a l’impression qu’il va revenir sous peu ! Le riche programme d’animations (expos, résidences, ateliers d’écriture, conversations…) en fait un « Compagnon » toujours présent.

7 – Se recueillir au cimetière Saint-Michel
Véritable livre d’histoire et d’art à ciel ouvert, le « père Lachaise » briochin offre la dernière demeure de nombreux politiciens, résistants, officiers, aristocrates, écrivains – Louis Guilloux, bien sûr. Le père d’Albert Camus y a sa sépulture dans le carré militaire. Les amateurs d’art chercheront celle de Raymond Hains et nous verserons une larme sur le (magnifique) monument des trois frères Le Goff, tous morts à la guerre 14-18.

8 – Flâner à la Villa Rohannech
Étonnante, cette villa de style italien dominant le port. En fait, elle a un lien avec lui, car elle a été construite par le vicomte de Mézaubran, natif du Légué et président des armateurs de Bretagne, qui souhaitait avoir un oeil sur ses navires. Il a même fait tracer un boulevard pour relier son « château » à la ville ! Désormais propriété du département, il accueille des résidences d’artistes et son parc est ouvert au public.

9 – Découvrir Harel de la Noë
Brillant polytechnicien revenu dans sa ville natale comme ingénieur en chef des ponts-et-chaussées des Côtes-du-Nord de 1901 à 1918, il a édifié un nombre considérable d’ouvrages d’art dédiés essentiellement aux chemins de fer. Devenus obsolètes à fin du réseau départemental (1956), ces merveilles de béton, de fer et de brique risquaient de disparaître. La destruction du viaduc de Souzain à poussé Pierre Goréguès à créer une association pour sauver ce patrimoine… en lui donnant une nouvelle fonction: voies vertes, rando, vélo, etc… Le classement MH du viaduc de Douvenant et la récente restauration des arcs du bd de Sévigné le réjouissent.

10 – Passer un bon dimanche au café du même nom
En fait, Le Café du Dimanche est ouvert dès le jeudi ! De quoi assurer de jolies fins de semaine pour les fans de ce lieu atypique ouvert par Lan – oui, le co-créateur du célèbre café CapLan ! Dans cet ancien hangar, on peut lire, s’adonner à l’art postal, discuter, voire profiter d’un concert autour d’un verre dans le jardin ou à l’abri, entouré de bouquins.

115, bd Hoche. Tél. 02 96 01 57 26.

P.S. : Les trois raisons qui fâchent.

– Les institutions locales ne facilitent pas le travail des journalistes. Pour toute interview dans les cercles publics, c’est la croix et la bannière. On se croirait dans une dictature où il faut demander des autorisations à des chefs (plus ou moins) zélés. Quant à organiser un événement de sortie de magazine, on oublie ! Du temps de Claude Saunier, c’était bien plus simple !

– Pour ses deux premières sorties en ville, mon fils (deux ans à l’I.U.T.) s’est fait taper dessus, alors du coup, il a décidé de bosser !

– L’hiver dernier, j’ai décidé de vendre un appartement que j’ai là-bas. Au bout de quatre mois, n’ayant jamais de compte rendu de l’agence immobilière, j’ai chargé deux amis de la contacter en demandant un bien correspondant pile-poil au mien (emplacement, état, prix, etc…). L’agence en a proposé plusieurs mais pas le mien ! Quand j’ai demandé des explications au patron, il a défendu son employé « le meilleur vendeur de Bretagne ». Alors bien sûr, je ne recommande pas Square Habitat !


2 commentaires

Sylvie B · 18 décembre 2019 à 0 h 31 min

Quelle belle surprise que ce blog, Marie-Christine, que je n’avais encore pas pris le temps de visiter!
Et quelle belle initiative que cette visite de Saint-Broc qui, à mon sens, a bien des atouts, malheureusement fort peu mis en valeur! Outre la fermeture des usines, la ville accumule les fautes urbanistiques et politiques depuis bien trop longtemps!
Depuis quelques années je redécouvre Saint Brieuc (où j’ai passé des années ado qui m’ont plutôt laissé un triste souvenir), et j’envisage enfin que cette ville de presque bord de mer, avec des atouts architecturaux indéniables, pourrait être une ville tellement agréable!
Ton papier me donne quelques idées pour un futur week-end!
(PS: bravo à notre Anne pour ce site!)
Bise!

    Marie-Christine BIET · 23 décembre 2019 à 13 h 17 min

    Merci beaucoup Sylvie! Tes commentaires me vont droit au coeur!

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